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Ce sont des œuvres d’art

La photographie est un médium dont le négatif est la source cachée. L’original reste invisible, même si l’instant est présenté (l’instant photographique). On ne présente que rarement l’original, et quel est l’original au final ? Le moment inscrit sur le négatif ou le capteur, l’impression de l’image sur le papier ou l’écran ? Au fond, je crois que ce qui me déplait le plus dans la photographie,c’est ce minable petit secret que l’auteur conserve égoïstement, comme un savoir, une petite autorité sur le spectateur. Ça me fait penser à Fritzl.

Mes films ne sont pas des films ni des films d’animation. Ce sont des œuvres d’art.

Pour parler de l’animation, tiens… Voilà ici présenté crûment un original, un négatif que l’on peut voir. Le travail sous la caméra. Une suite de gestes, dévoilés.

Je découpe les corps et je me ré-approprie les corps. Manipuler les corps découpés me permet d’entrer en art (prière). Le spectateur voit l’original (le mouvement saisi) et peu importe alors le nombre de copies qui seront produites et présentées, c’est de l’art, de toute façon c’est de l’art, c’est mon intention visible, c’est visible.

Je cherche à rendre l’invisible visible.

Le travail technique de mise en mouvement est destructeur. Détruire la photographie (le négatif, son instant, sa valeur, son crédit, l’image), le découper et lui donner la force de mon propre témoignage, la force de ma propre interprétation. Je « dé-conceptualise » l’instant. Sa « re-conceptualisation » ne se fait pas sur les contours, mais dans la profondeur des organismes animés (manipulés).

Les photographies découpées deviennent alors difficiles à manipuler pour moi, lourdes, complexes. La chose vivante est toujours simple et naturelle quand on la voit, on ne la regarde même pas, elle vit. Il faut mettre de la force et de la violence pour la reconstituer.

Ce n’est pas un monde en paix.