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La destruction du père

« La destruction du père » est une œuvre de Louise Bourgeois qui a été exposé à Paris dans les années 90 (Centre Beaubourg). Je me souviens bien de ma rencontre avec cette œuvre. L’exposition comportait des cellules, des poupées, et diverses installations et sculptures.
« La destruction du père » me paraissait ne pas appartenir à cette exposition, je la ressentais comme un travail différent, déplacé (une verrue ?). je ressentais une gêne, que je ne formulais pas, que cette œuvre n’avait pas sa place ici, qu’elle était trop différente. C’est pourtant devant cette installation que je suis resté le plus longtemps. Je restais de longues minutes magnétisé.
Nous avons tous des souvenirs précis d’instants marquants. La première rencontre avec un amour, l’instant où nous avons échappé à la mort. Ces instants ont une présence particulière, en mêlant espace, temps et sensations, ils sont des cailloux posés dans notre mémoire. Des repères.
Il y a un lien évident entre ce souvenir complexe et le film « Homme Taureau ».

The destruction of the father (1974)

image destruction_du_pre.jpg (28.4kB)

Il s’agit de la première installation de Louise Bourgeois; cette boîte ouverte sur l’une de ses faces évoque une grotte ou une tanière, un motif récurrent dans son oeuvre, et suscite chez le spectateur une réaction claustrophobique. Le latex et les formes, demi-sphères ou ovoïdes, ainsi que la lumière rouge qui baigne l’ensemble orientent les associations vers un univers organique qui n’est pas pour autant descriptif. Cette indétermination, entre abstraction et évocations du corps, à été identifiée par la critique Lucy Lippard comme une « abstraction excentrique ». Le titre enclenche un récit biographique associé par l’artiste à cette oeuvre qui n’en reste pas moins énigmatique: le lieu du drame serait la salle à manger familiale, avec sa grande table; le père entend encore une fois imposer sa volonté à sa femme et ses enfants qui se jettent sur lui et le dévore. La révolte fantasmée contre l’autorité du père à trouvé son théâtre dans cet environnement terrible et jubilatoire. Au spectateur d’en faire l’expérience peut-être, comme le raconte le sculpteur Richard Serra, d’une peur d’autant plus intense qu’on ne peut la nommer.